40 ans du Naca : entre défis et résilience
Le Naca a fêté son 40e anniversaire jeudi 12 septembre à Biarritz, l’occasion de revenir sur la campagne en cours, qui met les trésoreries à rude épreuve, et de présenter son nouveau pilier stratégique, la RSE.
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Le 40e anniversaire du Naca (Négoce agricole Centre-Atlantique), célébré en présence de près de 300 invités lors de son congrès, le jeudi 12 septembre à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), a été l’occasion de débattre autour d’une thématique : « Faut-il encore croire en l’agriculture ? » Une interrogation traitée sous un angle « décalé et provocateur », reflétant les incertitudes qui pèsent sur la filière.
« De plus en plus de créances »
Vincent Mandin, président du Sinaa (Syndicat interdépartemental du négoce agricole aquitain), a ouvert le débat en rappelant les multiples facteurs qui alimentent la « crise de confiance » dans le secteur agricole : « Entre les conditions défavorables, un contexte de marché tendu, l’instabilité politique, le renouvellement des générations et les contraintes réglementaires, la campagne écoulée nous a confortés dans notre choix de lancer cette réflexion. »
En effet, la campagne 2024-2025 s’annonce difficile. Les conditions météorologiques ont lourdement impacté les récoltes, avec des « pertes variant entre 30 % et 70 % selon les régions ». Face aux trésoreries des exploitations mises à rude épreuve, celles des négociants sont également affectées : « Nous devons porter de plus en plus de créances clients, tandis que la hausse des taux d’intérêt alourdit le poids des charges financières », a précisé François Renaud, coprésident du Naca.
Pourtant, les représentants du Naca restent optimistes. « Cette campagne va nous fragiliser, mais les négociants ne devraient pas être en grande difficulté », a assuré Vincent Mandin.
Favoriser le « back-to-back »
La volatilité des prix, notamment sur les engrais, a été un autre sujet de préoccupation. Le prix de l’urée, par exemple, a fluctué entre 1 000 et 300 € la tonne en deux ans, complexifiant la gestion des stocks. « Certains ont dû encaisser une perte importante sur la valeur du stock acheté. Par exemple, pour 500 tonnes d’engrais et une baisse de 300 €/t, cela représente une perte de 150 000 €. Une seule transaction pouvait suffire à compromettre l’exercice annuel », détaille François Renaud. Pour répondre à cette incertitude, les négociants se sont tournés vers une autre stratégie d’achat et de vente : « Nous évitons d’acheter en grande quantité pendant la morte-saison et préférons un modèle « back-to-back », c’est-à-dire acheter pour vendre au fur et à mesure », a-t-il expliqué.
Les négociants prévoient également d’accompagner leurs clients, en collaboration avec leurs partenaires bancaires. « Notre force, c’est notre proximité avec nos clients. Nous serons encore plus présents auprès d’eux pour les aider à rebondir », a ajouté Christophe Prouteau, coprésident du Naca.
Un label RSE pour 2025
Et pour renforcer la résilience des entreprises, le Naca mise sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « L’objectif est d’embarquer un maximum de négociants dans cette démarche, même ceux qui ne se sentaient pas légitimes. Les entreprises sont déjà engagées dans des pratiques agroenvironnementales, il faut le mettre en avant », a souligné Simon Aimar, directeur du Naca. En partenariat, le Naca et la FNA (Fédération du négoce agricole) se sont lancés dans la création d’outils d’accompagnement à la RSE pour les négociants. Ces outils, basés sur la norme Iso 26000, permettront d’amener les entreprises à respecter les directives de la RSE et, surtout, à valoriser leurs efforts auprès des partenaires, notamment bancaires.
« La RSE va devenir incontournable, avec de plus en plus de banquiers qui lient l’octroi d’emprunts à l’engagement RSE des entreprises », a rappelé François Renaud.
Une chose est sûre, les 40 prochaines années s’annoncent tout aussi mouvementées que les précédentes, mais pleines d’opportunités pour les négociants. « Nous avons su nous adapter dans le passé et nous saurons nous adapter demain ; la réactivité, c’est la force du négoce », a conclu Vincent Mandin.
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